Après avoir passé quelques jours en Croatie, nous découvrons la Bosnie, pays magnifique hors des sentiers battus.

Les pistes montagneuses de Bosnie

Ce matin, nous passons la frontière vers la Bosnie. Aussitôt arrivés, nous nous arrêtons faire le plein. La présence de minaret dans chaque village nous interpelle. Nous sommes rapidement dépaysés et l’accueil en Bosnie est des plus chaleureux. Nous longeons la rivière Una avant de s’arrêter dans le parc national d’Una. Après 14km de pistes en 4×4 (entrée à 2€ pour les véhicules), nous entamons une petite balade pour voir les cascades et l’animation du coin : les départs de groupes en rafting. Et nous ne serons pas déçus ! A peine quelques minutes après notre arrivée, nous assistons à un exercice impressionnant. Les moniteurs de rafting jettent littéralement le raft du haut de la cascade et plongent eux même juste après pour le récupérer à la nage ! Nous sommes impressionnés devant ce spectacle et regardons les groupes partir en raft en poussant des cris d’adrénaline.

En regagnant le parking, nous goûtons le miel typique du coin grâce à une petite fermière venue installer son étal pour vendre aux promeneurs : un régal ! Nous croisons d’ailleurs de gros essaims d’insectes sur la route. On pensait d’abord à des abeilles avant de voir de plus près que c’était des milliers de moucherons.

Après un petit pique-nique au bord de l’eau, nous reprenons la route et traversons la ville de Drvar. Les stigmates de la guerre y sont bien présents. De nombreux bâtiments y sont abandonnés, notamment des hôtels ou même un centre aquatique. Les immeubles à l’allure soviétique reflètent une époque pas très lointaine où le pays souffrait du conflit qui le rongeait. L’atmosphère est particulière.

Lors de notre 2ème séjour en Bosnie en 2023, nous nous sommes rappelés du village de Drvar qu’on avait traversé. Cette fois, on s’arrête pour visiter le complexe sportif abandonné !

Le portail était ouvert. Tout est abandonné : les 3 bassins de piscine, le grand plongeoir, les terrains de foot, de tennis, les gradins… Pourtant, il abrite toujours le club de judo qui est à  l’intérieur. C’est sûrement pour cela que l’on a réussi à rentrer sans problème. Nous n’avons pas pu résister à l’envie de monter tout en haut du vieux plongeoir.

La ville est toujours aussi glauque avec ses bâtiments abandonnés. Ensuite, on a continué sur la piste qui traverse un paysage de désolation avec des trous d’obus de part et d’autre, c’est assez impressionnant !

Bosnie 2021

Au milieu de la plaine, les nombreux trous d’obus nous rappellent que la guerre de Croatie n’est pas très loin. La végétation a repoussé mais les formes de la terre sont là comme pour rappeler aux futures générations de ne pas oublier. Les images en drone parlent d’elles même.

Bosnie 2021

Il était l’heure de trouver un bivouac. On avait absolument envie de se mettre près d’une rivière ou d’un plan d’eau parce qu’on avait très chaud et qu’on espérait pouvoir se baigner. On a repéré sur la carte un lac artificiel.

Sur place, il y avait déjà pas mal de locaux malgré  l’accès difficile à l’eau et il n’y avait pas de place pour se garer, en tout cas pas d’endroits pour nous. Le jour commence à décliner et on est fatigués à cause de la chaleur.

Il fait dans les 40 degrés. Heureusement qu’on a la clim dans la voiture. On a commencé à faire le tour du lac par la piste. Certains passages étaient un peu compliqués. Au bout du lac, on a pris une piste plus éloignée. On a trouvé un endroit plat dans un herbage où on a pu se doucher et déplier la tente. Nous avons pu profiter d’un superbe coucher de soleil derrière les montagnes. On a passé une nuit assez agréable. Il y a quelques voitures qui sont passées en fin de soirée, certainement des gens qui rentraient de leur baignade sur le lac. 

Retour en 2021 où après Drvar, nous montons sur les hauteurs du massif montagneux, le ciel menace. En haut de la piste, nous tombons pour notre plus grand bonheur face à un troupeau de chevaux sauvages ! Crinière au vent, ils n’ont pas peur de nous et nous laissent les approcher. Les couleurs de leurs robes avec la montagne et l’orage en arrière-plan laissent une drôle de sensation. Un petit air de steppe mongole au cœur de la Bosnie. Un moment unique dont on a savouré chaque minute !

Nous continuons de monter et rapidement la piste s’enfonce dans la forêt, les panneaux « terrain miné » se succèdent sur les côtés du chemin, interdisant toute tentative de hors-piste ou de bivouac.

Bosnie 2021

La pluie s’invite et nous profitons de ces beaux chemins en forêt pour s’éclater en 4×4. Il est temps de passer la seconde pour Pumba et nous passons un moment très sympa avec les copains. La nuit commence à tomber et le temps est vraiment mauvais. Par chance, ce soir nous dormons à l’hôtel ! Un timing à la perfection. Nous sommes accueillis les bras ouverts à l’hôtel Jezero à Kupres. Les chambres sont spacieuses avec une belle vue sur le lac.

Bosnie 2021

Après un apéro au bar, nous profitons d’un repas typique au coin du feu dans la salle de restaurant. Au menu, truite grillée et assiette de viande. La cuisine bosnienne est très salée avec beaucoup de sauce et que dire des quantités… Généreuses comme l’accueil. Dehors il pleut toujours, nous savourons le confort d’une chambre d’hôtel et d’une douche chaude, reconnaissants de ne pas être en bivouac ce soir.

Le Lac Rama et les tombes bogomiles

Après avoir profité du petit déjeuner buffet, nous payons une note de 81€ et reprenons la piste ! Nous nous arrêtons en haut du lac Rama. Ce lac artificiel a été créé en 1968. En hiver, il se vide et laisse apparaître des ilots et même le minaret de l’ancien village qui a été englouti à l’époque. La couleur de l’eau et le relief des îles nous transportent dans des paysages asiatiques. C’est fou ce que la Bosnie est exotique ! Nous décidons de descendre sur les berges du lac. D’abord par la piste puis en roulant littéralement sur le lac asséché.

Bosnie 2021

Après une petite séance photo souvenir, nous reprenons de la hauteur et montons jusqu’à la vierge de Grabovceve où est installé un autel et un petit cimetière à 1450m d’altitude. En redescendant, nous faisons un arrêt pour observer les tombes bogomiles de la Nécropole de Dugo polje. On peut y voir 150 stecci, ces tombes médiévales et millénaires taillées en gros blocs blanc. Certaines sont ornées de reliefs représentant l’illustre propriétaire de la tombe. On en trouve un peu partout en Bosnie, il faut ouvrir l’œil ! Ces nécropoles sont souvent en pleine nature et ne sont pas clôturées.

Nous nous arrêtons pour pique-niquer un peu plus loin sur la piste au milieu d’un paysage lunaire. Les montagnes ici sont arides et magnifiques. Exotique on vous dit !

Pour la fin de journée, nous arrivons à Mostar connue pour son célèbre pont médiéval détruit par les bombes pendant la guerre. Mais l’heure n’est pas à la visite, nous filons au camping de Blagaj. Au bord de la Buna, le camping compte quelques petits emplacements ombragés et plats avec des points d’eau. Pratique car il n’y a qu’un bloc sanitaire. Et que dire de l’accueil ! Nous vivons ici un exemple d’hospitalité rarement rencontré. Le propriétaire Allen, nous offre bières et plateaux de fruits. Tellement heureux d’avoir des clients français. Posés au bord de la rivière, à l’ombre, nous savourons cet élan de générosité. Sans oublier la petite part de gâteau au chocolat qui suit le plateau de fruits ! Nous payons 10€ / nuit pour l’emplacement et avons prévu de rester 2 soirs.

Gênés par autant de générosité, nous laissons 10€ de pourboire. Ce qui sera de suite rectifié par le don de 2 bouteilles de vin rouge et blanc par le propriétaire. Nous stoppons alors cette escalade d’hospitalité. Nous profitons d’une soirée conviviale au bord de la Buna sous les étoiles pour le diner.

Mostar et Blagaj

Mostar est la 2ème ville touristique la plus importante de Bosnie. Elle est connue pour son vieux pont, le Stari Most, enjambant la rivière Neretva. Détruit en 1992 par 60 tonnes de bombes, il a depuis été reconstruit à l’identique. Le quartier du vieux pont de Mostar est d’ailleurs inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Nous nous promenons dans ces ruelles médiévales avec de nombreuses échoppes, entre boutique de souvenirs et magasins d’artisans d’art. Nous passons sur l’autre pont connu de la ville, le pont Courbé, dit pont à dos d’âne à cause de sa forme. En gourmand que nous sommes, nous prenons une petite glace à 0.75€ en observant un drôle de spectacle : pour amuser les touristes, des jeunes hommes sautent du pont de Mostar d’une hauteur de 29m contre quelques euros. Le public est difficile aujourd’hui et nous n’aurons pas la chance d’assister à l’impressionnant spectacle. Nous payons 5€ de parking auprès d’un « placeur » après avoir négocié de moitié le prix.

La deuxième visite de la journée sera la plus grande résurgence d’Europe : la Buna à Blagaj. La source de cette rivière dite karstique est aussi un haut lieu de pèlerinage de l’Islam qui doit l’origine de son implantation dans l’empire ottoman ici. Il existe d’ailleurs une gigantesque forteresse ottomane en haut de la falaise. On l’aperçoit du camping et elle est éclairée la nuit. Mais nous n’avons pas eu la chance de la visiter. Le stationnement nous a coûté 2€ et après quelques mètres de marche, nous arrivons à la résurgence. Attrait touristique oblige, il y a des activité plongée, spéléo, bateaux qui sont proposées par des locaux.

Mais pour nous, il est l’heure du déjeuner que nous prendrons au camping pour remercier son si gentil hôte. Et il n’a pas terni sa réputation, le repas est gargantuesque ! Plateau de fruits et bière à l’apéro, salade de tomates fraîches, steak d’agneau pané, capvice et le fameux gâteau au chocolat en dessert. Repus de ce festin, nous passons le reste de l’après-midi à nous prélasser les pieds dans la Buna et à l’ombre de la chaleur écrasante. Nous en profitons aussi pour reprendre nos habitudes de roadtrip : check up mécanique et lessive. Sans oublier d’écrire des cartes postales pour la famille (qui malheureusement n’arriveront jamais…)

Lukomir

Après avoir difficilement dit au revoir à Allen, notre si gentil hôte nous trouvons rapidement la piste pour aller vers la capitale de la Bosnie Herzegovine : Sarajevo. Mais avant cela, nous prenons le temps de faire un large détour vers l’insolite village de Lukomir, perdu entre deux pics montagneux et au bout d’une heure de piste poussiéreuse. La population du village est passé de 288 en 1961 à 41 en 2013. Ce petit ensemble de maison fabriquées en partie de tôle (issue de vieux bidons d’huile !) et de bois est vraiment atypique et digne d’un autre siècle. C’est à peine si on ose déambuler dans ce village presque fantôme. Et pourtant, des femmes sortent à notre rencontre et nous présentent leur artisanat. Elles fabriquent des chaussettes, gants et bonnets avec la laine de leurs chèvres et les vendent aux touristes. Les vêtements sont colorés et de qualité. Et vu l’environnement, on imagine facilement leur utilité ici, en hiver. Nous continuons de marcher jusqu’au bord de la vallée où le paysage semble tomber dans un canyon sans fin. Vu d’en haut, ce petit village a un charme fou. On se sent vraiment au bout du monde !

Nous nous arrêtons sur la piste du retour pour un pique-nique au cœur des alpes dinariques avant d’arriver sur les lieux des Jeux Olympiques d’hiver de Sarajevo de 1984 ! Ces jeux ont permis de moderniser fortement le pays mais la guerre qui a suivi a démoli la plupart des installations. Certains sites ont été rénovés et d’autres sont restés à l’abandon, comme le tremplin de saut à ski d’Igman.

Ce soir, c’est inédit, nous dormirons dans un camping au cœur d’une capitale, et laquelle ! Sarajevo. Nous arrivons à l’Oaza autocamp dans le quartier d’Illiza. L’emplacement n’est pas idéal entre les avions et la circulation qui ne s’arrête jamais mais c’est insolite. Pour 21€, il y a de la place et des sanitaires (douches simplement fermées par des rideaux dans un bloc sanitaire). Pour nous réconforter, nous commandons des pizzas au restaurant du camping pour une vingtaine de kunas.

Traversée de Sarajevo

Ce matin, nous traversons Sarajevo en voiture. Pas assez lentement pour s’imprégner de la ville. Nous pouvons toutefois voir les dégâts de la guerre sur des bâtiments parfois très beaux ! Les traces d’impacts et d’obus de la guerre des années 90 restent omniprésents. La capitale de la Bosnie est aussi surnommée la Jérusalem de l’Europe car 4 religions principales y cohabitent sans aucun problème : les bosniaques musulmans, les croates catholiques, les serbes orthodoxes et les juifs. L’histoire de ce pays et de ses populations est complexe et le conflit serbo-croate d’autant plus cruel. Le siège de 1000 jours de la ville en 1991 a fait plus de 11 000 morts. C’est aussi ici qu’a été assassiné François Ferdinand d’Autriche, héritier de l’empire Austro-Hongrois, lors d’un attentat en 1914 qui marqua le début de la Première Guerre Mondiale.

Alors quand on traverse Sarajevo, on se sent un peu lourd. Le réseau tramway de la ville date des années 1980 et reste un peu dans son jus. Il a été peu renouvelé même après les dégâts de la guerre. Ce qui donne un petit côté vieillot à la ville.

Trop rapidement, donc, nous traversons Sarajevo mais c’est pour prendre le temps de faire un détour imprévu qui restera marqué dans nos mémoires : le Monténégro !

Découvrez la suite de notre roadtrip au Monténégro : ici ou continuez le voyage en Bosnie ci-dessous.

Pistes en Bosnie

Après 24h au Monténégro, nous repassons la frontière après une longue attente. Pour revenir sur le territoire bosnien, le douanier ne tamponne même pas notre passeport ! Visiblement blasé de sa journée. Après un plein d’essence et un petit pique-nique sur la route, nous trouvons un super spot près d’une rivière pour la soirée. L’endroit, une plage de galet s’appelle Beach River.

La rivière est translucide et on y voit plein d’écrevisses et petits poissons entre les rochers. L’endroit est prometteur mais un habitant vient à notre rencontre. Nous lui demandons si on peut rester mais il nous dit que l’endroit est dangereux et qu’il peut y avoir des lâchers de barrage qui rendraient le spot dangereux pour nous. Il veut nous montrer un endroit chez son frère pas loin. On sent que c’est du pipo et qu’il cherche juste un moyen de nous louer un terrain. Nous préférons alors reprendre de la hauteur. Nous montons à 1180m. La température chute autour des 7°c. Nous trouvons un endroit à l’abri des regards au milieu des traces de sangliers ! La soirée est fraîche, nous nous réchauffons avec un petit plat préparé de chez Bonbag et on ne traîne pas pour aller se coucher pour une nuit sacrément humide.

Bosnie 2021

Veliko Plivsko

Pour repartir, il faut passer la courte ! Le chemin pour repartir est très raide et l’herbe mouillée. On y va tranquille et ça passe sans problème. Nous traversons la petite ville de Konjic entourée de forêts. Nous longeons le lac de Jablanicko, un lac artificiel créé en 1953.

Nous nous arrêtons pour acheter des légumes sur le bord de la route avant de faire un pique-nique près d’un monument : le Mémorial Spomenik. Cette sculpture de 1978 représentant un point a été vandalisée à la dynamite en 2000. Laissant un drôle de squelette en béton armé à l’abandon mais dénonçant aussi le contexte politique d’il y a deux décennies.

Nous continuons la route le long du lac Veliko Plivsko. Nous dormirons au camping du même nom. Il est calme, propre et nous profitons d’un beau rayon de soleil pour faire vaisselle, lessive, douche chaude et mécanique. Le tout pour moins de 20€.

Petites villes et tunnel effrayant

Nous nous réveillons dans la brume. Nous commençons la journée en allant voir les vieux moulins à eau de Mlinčići postés sur une multitude de petites cascades.

Bosnie 2021

Et nous nous arrêtons rapidement au lac Plivsko pour une promenade sur ses passerelles en bois au-dessus d’une cascade et un arrêt photo au bar super sympa où on se verrait bien passer la soirée. Mais l’heure est plutôt à la brume et aux hérons matinaux qui survolent le lac. Une toute autre ambiance !

Pour reprendre la route, nous devons passer par un tunnel en pierre complètement défraichit ! Les plus claustrophobes d’entre vous devront éviter. Entre l’eau qui ruisselle le long des parois, l’absence d’éclairage et les pierres qui tombent, on n’a pas envie de traîner ici. Nous continuons par une jolie piste qui fait le tour du lac.

Nous continuons la matinée par la visite de Jajce avec son ancienne forteresse médiévale en ruine. Cette jolie petite ville possède aussi une grande cascade de 21m, « la plus haute au monde située dans un centre-ville » nous dit-on. Nous nous amusons à monter dans les anciennes ruelles jusqu’en haut de la forteresse pour avoir une vue sur la ville. Il fait très chaud entre ces murs de pierre et nous nous rafraichissons avec une glace à 0,50€ comme savent le faire les bosniens.

Voir la partie de notre roadtrip en Croatie

Voir la partie de notre roadtrip au Monténégro

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