Qu’il s’agisse d’un Série 9, 10 ou autre, les crémaillères sont assez sollicitées et exposées sur ces véhicules. Il est malheureusement assez courant d’avoir des fuites dessus.
Fuite qui n’est pas à prendre à la légère. Votre crémaillère et surtout votre pompe de direction assistée vont souffrir de ce manque d’huile, sans parler de la propreté de votre véhicule et vous vous doutez que d’un point de vue écologique ça n’est clairement pas l’idéal !

Il est donc important de vérifier régulièrement le niveau du bocal sous le moteur et l’état de propreté de cette crémaillère. Si elle est “grasse”, sale, poisseuse … Vous avez sûrement un problème !

C’est ce que nous avons nous même constaté durant un raid en Roumanie.
Nous inspectons très régulièrement le véhicule, surtout après de grosses journées de pistes/chemins. Et ce qui devait arriver, arriva : la fuite !

C’est le cas ici, on voit bien qu’elle n’est pas dans un état normal !
La fuite ayant été détectée assez tôt elle était très légère, mais il ne faut pas tarder pour autant.

La fuite peut avoir plusieurs origines : au niveau des rotules axiales, des tuyaux ou comme dans le cas ici : du distributeur.


La fuite provient de la bague en caoutchouc noir.
Il s’agit d’un cache poussière qui protège le joint SPI en entrée du distributeur.
C’est d’ailleurs la fuite la plus commune sur ce type de crémaillère.

À ce moment là, trois choix s’offrent à vous !

  • Aller chez Toyota, comptez ~ 1400€
  • Changer intégralement la crémaillère par une adaptable (mais QUID de la qualité) ~ 400€
  • Réparer votre crémaillère !

En ce qui me concerne, n’ayant aucun autre souci avec cette crémaillère, je préfère la réparer.
Il faut donc chercher ce qui pose problème, calculer si c’est financièrement intéressant, et ce que cela va impliquer en démontage et outils.

Sachant d’où provient la fuite, il faut étudier le plan de ce distributeur :

À la lecture de ce dernier, j’isole le coupable, et trouve deux compères qui peuvent aussi poser problème ou qu’il vaut mieux changer en préventif !

Il s’agit principalement du joint SPI encadré en rouge, et bien que moins exposés les deux joints entourés en vert peuvent aussi être changés !

Il faut maintenant passer à la partie dépose de la crémaillère.
Soyons clair tout de suite, ça n’a rien de trop compliqué, mais c’est particulièrement fastidieux et parfois frustrant !
Il faut compter une journée complète quand tout va bien, voir 2 si vous avez eu des complications !

Les étapes sont :

  • Dépose des roues
  • Dépose des blindages
  • Dépose de la barre stabilisatrice et des biellettes
  • Démonter les rotules de direction
  • Vidanger le liquide de direction assistée
  • Déposer complètement la crémaillère

Vous aurez besoin :

  • De courage (!)
  • De quoi lever le 4×4 : cric et chandelles
  • D’outils (… clés, douilles, extracteur de rotules, marqueur, marteau …)
  • De quoi bloquer le volant pour le garder centré
  • De persévérance et d’abnégation (!!)
  • 1L de Dextron III (huile nécessaire pour refaire le plein après l’opération)
  • Des joints nécessaires (pour notre KDJ 95 les pièces n° : 9031119002, 9031025004 et 9030143002)
  • De quoi faire la vidange (vider et remplir après)
  • Une clé dynamométrique
  • Un tube d’acier de 34mm

Après avoir fait l’état des lieux, j’ai tout à disposition, l’opération sera donc peut coûteuse financièrement, mais assez longue à réaliser.

On commence par lever, sécuriser au maximum le “chantier” (3 chandelles, un cric à demeure, et les roues sous les traverses).
(les blindages ont été déposés en même temps).

Vient ensuite l’extraction des rotules de directions :

Vu l’état de ces rotules, je vais en profiter pour les changer au passage !

Je m’occupe ensuite de vidanger le circuit hydraulique.
D’abord avec une seringue je vide le maximum du bocal, puis je vidange le reste en déconnectant la durite rigide en bas du moteur (le long du châssis coté conducteur) :

/!\ attention à la douche ! (prévoir une bassine assez large pour ne pas en mettre partout).

Les durites rigides vissées à même la crémaillère sont assez difficiles à démonter sur place, pas faciles d’accès et fragiles.
Je préfère donc déconnecter la première ayant servi à vidanger, puis la deuxième directement sur la pompe de direction (elle se trouve coté conducteur, au niveau de la roue, derrière une petite protection en plastique sous le triangle supérieur) :

Chez nous, la vis banjo (attention au petit joint cuivre au passage !) était très dure à desserrer.
J’ai dû me tailler une clé plate en 25mm, et la raccourcir un peu pour pouvoir bloquer le contre écrou en dessous (qui se trouve être un réducteur de flux).
Après 1h de bataille et d’essais : victoire, ça vient “tout seul” (mouais …).

Avant de déposer la crémaillère, il faut prendre soin de bloquer le volant et prendre des marques pour avoir des repères lors du remontage :


Ici le volant se trouve bloqué en bas et sur le montant latéral, afin qu’il garde son centre une fois la colonne désaccouplée.
J’ai fait des marques sur tout le long de la colonne : cache poussière, flector, vis, le long de l’axe …
Indispensable si vous voulez garder votre volant et votre direction bien réglés !

Il est temps maintenant de démonter les 4 boulons et écrous qui maintiennent la crémaillère.
Il s’agit de la même méthode que sur le tuto : [How-To] Changement des silentblocs de la crémaillère de direction

Je vous conseille aussi de déposer la barre stabilisatrice avant, puis de glisser la crémaillère vers l’arrière (attention aux durites hydrauliques, assez longues qui vont suivre avec).

Victoire, vous avez fait la première partie !

Maintenant, la seconde partie : la réparation.

Tout commence par le désassemblage du distributeur : les durites de la crémaillière, le flector et les deux vis.
Pour ne pas risquer d’endommager les tuyaux lors du dévissage, j’ai utilisé une clé à “tuyauter” en 12mm plutôt qu’une clé plate habituelle (meilleure prise).

Avant de pouvoir sortir le distributeur, il faut dévisser un peu le contre écrou de rattrape (attention emprunte femelle).
Là aussi, prenez le temps de faire une marque pour remettre le même réglage (trop serré, la direction sera très dure, pas assez serré, elle aura du jeu !).

Voici à quoi cela ressemble une fois le distributeur sorti, et nous donne un aperçu de la prochaine galère …

Une sal$#&pe%* d’écrou femelle, 8 pans, avec un axe traversant …
Pas l’outil que l’on a forcément sous la main …

La référence officielle Toyota n’étant pas en vente dans le commerce… Vous allez devoir fabriquer votre “outil”.

On commence par la prise de côtes :

Je vais donc utiliser un morceau de tube d’acier de 34mm (épaisseur 2mm), l’axe du distributeur faisant 27mm.

L’écrou est un 8 pans, il faut donc faire des marques sur le tube pour limer les parties qui formeront l’outil.

Vous prenez le diamètre, multiplié par le chiffre Pi (arrondi à 3.14159) pour avoir la circonférence, que vous allez diviser par 8.
Théoriquement la valeur sera de 13.35mm, pratique (épaisseur des trais, arrondi, tube non rectifié … le bon nombre sera 12.25mm).
Vous faites donc une marque sur le pourtour de votre tube tous les 12.25mm.
(à adapter en fonction de votre tube évidemment).

Puis avec un étaux et une lime vous pouvez former votre emprunte mâle, en faisant attention à bien garder l’arrête des angles !

Vous allez ainsi pouvoir dévisser cette écrou !

Expliqué comme ça, c’est assez simple, mais il m’a tout de même fallu plusieurs essais et cogiter pour y arriver (merci aux copains qui m’ont donné des astuces !).

Pour sortir l’axe, un petit coup de maillet suffit.
Pour sortir le roulement interne et le joint SPI fuyard, il faudra l’aide d’une petite douille (12) et d’une masse.


Vous pouvez maintenant changer le joint (attention au sens) et remettre roulement et axe.
Pensez à bien nettoyer et lubrifier (avec de la Dextron 3) chaque pièce avant le remontage.

Il est maintenant temps de remonter l’ensemble :

Et de passer à l’étape 3, le remontage sur le 4×4 !

La crémaillère (attention une fois de plus à la position des flexibles hydrauliques) :

Puis la barre stabilisatrice (c’est aussi l’occasion pour moi de monter des silentblocs neufs) :


Pensez bien à serrer chaque écrou et vis au bon couple (rotule direction, fixation de la crémaillère …) :

Une fois le remontage OK, il faut remplir le circuit.
Faites le plein à partir du bocal dans la baie moteur.
Puis roue en l’air et moteur éteint, faites plusieurs tours de volant vers la droite et la gauche afin de faire circuler l’huile.
Vérifier régulièrement le niveau (attention, il y a une marque pour le niveau à froid et à chaud).

Puis faites de même moteur allumé afin de faire tourner la pompe de direction.
Et faire un essai routier.

Si tout s’est bien passé, plus de fuite !
(nous concernant, on a roulé plusieurs fois durant quelques jours, afin de bien valider la réparation.)

11 Comments

  1. Bravo!!! Excellent tuto!!!!….j ai changé 2 fois ma crémaillère sur kzj95. Je ne me suis pas lancé dans la réparation de cette dernière. Peut être un de ces jours!!…pour le moment il va falloir que je démonte mon demarreur…si vous avez un tuyau…je suis preneur…

  2. Salut Gauthier
    Merci pour le tuto
    Va falloir que je m’y colle.
    Fuite sur les pavés depuis quelques jours elle est pas contente l’espagnol (Véro)
    Bonne et heureuse année à vous.
    Régis

    1. Merci Régis 🙂

      Bon courage, c’est pas l’opération la plus sympa, mais ça se fait bien.
      Et Véro sera contente =)
      Bonne année à toi aussi 😉

      @+
      Gauthier

  3. bonjour GAUTHIER
    MERCI pour le tuto , mais sur mon kdj 95 j ai un autre problème , j ai du jeu dans ma crémaillère coté conducteur et j ai changé la rotule , de plus la crémaillère ne fuit pas .Pouvez vous me dire si la crémaillère est réparable ? .Si je dois changer ma crémaillère , quelle marque que je peux monter ?MERCI.

    1. Bonjour,

      Le jeu est il réellement sur la crémaillère ?
      Généralement quand il y a du jeu dans la direction cela vient, des SB qui fixent la crémaillère au chassis (nous avions fait un tuto à ce sujet), ou de la colonne de direction : flextor HS et/ou jeu dans le “fusible” (partie qui se rétracte en cas d’accident).

      Si vraiment le jeu est sur la crémaillère (et uniquement là), il y a l’écrou de rattrapage de jeu (en bas du sélecteur), mais le rattrapage sera minime !

      Pour un changement, sur des pièces sensibles j’aurais tendance à ne conseiller la monte d’origine (dans le cas présent celle de Toyota).

      Bon courage et bonne recherche de panne 😉

      1. merci pour cette reponse , j ai bien sentis , le jeu sur le soufflet de la crémaillère , bon reste a me pencher dessus , merci encore Gauthier pour toutes ces infos .

        1. Ah, si c’est dans l’un des soufflets, il ne s’agit donc pas de la crémaillère mais d’une rotule axiale (entre la biellette/rotule de direction et la crémaillère).
          C’est bien une pièce qui peut s’user/casser et qui se change sans “trop” de problème !

          Bon courage 😉

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